Le
hasard d’une bourse amène Keshav Malla à découvrir la France.
Dans cet occident alors insolite pour lui, le peintre
« divague »,
libre, à travers les diverses expressions picturales de la culture
européenne.
De
la confusion naît l’illumination de la découverte de son écriture
personnelle. Du chaos surgit la création d’un langage
original
Pour
ce Népalais, façonné par l’hindouïsme, toute création part de
rien, part du vide. Le nirvana c’est partout et c’est nulle part,
c’est le vide. Les formes font vivre le vide et le vide les fait
vivre, elles s’en vont et s’en viennent.
Tout
est dit ou presque. Les deux dénominateurs communs de l’art de
Keshav sont posés : le vide et le mouvement.
L’abstraction
s’impose à lui. « Je n’ai plus besoin de la forme
figurative, seulement d’images non définies, en mouvement. Ce
mouvement, la sensibilité des hommes le captera ».
Paradoxe :
le vide chez Malla donne un sentiment de plénitude.
Il
est plein de nuances colorées. La couleur y est énergie, espace et
forme. « La couleur, c’est de l’énergie et l’énergie,
c’est de la couleur. La couleur c’est ma vie » dit-il.
L’intensité chromatique est lumineuse. L’efflorescence des
jaunes, la flamboyance des roses , les bleus liquides nous révèlent
un orient fabuleux. L’artiste recherche l’harmonie entre la
couleur et la forme, l’espace et la matière.
Par
l’élan de la spiritualité, l’Homme est à part entière fils du
ciel et de la terre. Le vide nous renvoie à la douceur et à la
force du cosmos. La surface unifiée nous offre le calme, le repos.
Le peintre persuadé de l’universalité de l’art nous donne à
voir un instant de lumière divine. Par le regard sur l’œuvre,
l’Homme se détache du matérialisme, il est là, immergé dans le
moment présent comme dans une éternité solennelle. Arrêt sur
image. La lumière qui sort de l’espace pictural est une lumière
mystique.
La
trame resserrée des touches telle une écriture cryptée,
automatique, gestuelle, le syncrétisme des signes nous livrent un
précieux recueil manuscrit.
Les
occidentaux sont allés chercher à Katmandou une réponse à leur
quête spirituelle. Par le médium de sa peinture, Malla invite à un
autre pèlerinage, un voyage intérieur dont la réponse est en
chacun de nous.
Annick Chantrel Leluc avril 2006, Historienne de l’art
Je
suis toujours très intrigué par les notions, -'vide et de matière'
et 'de contenu et son contenant'.
Si
bien que l’un n'existe que par l’autre.
D'où
mes tentatives de visualiser les deux en état de mouvance dans mes
travaux.
Les
sujets entrent ou sortent de mon espace pictural, comme si la
décentralisation pouvait mettre en évidence leur vraie nature et si
seulement la dé-centrisme permettait de voyager à notre gré pour
aérer nos esprits au de-là de là.
Keshav
Malla, Paris le 9 Février 2008.